Motomodèle "DAD"

[JMP_blackfoot]

Le DAD est une création de Jean Guillemard. Le nom est composé des initiales de Durée-Altitude-Distance . En effet, lors de la journée de record à Chelles le 16 juin 1945, Jean Guillemard eut la bonne fortune ou l'astuce de lancer son modèle le premier. Il établissait alors les trois records en un seul vol et pouvait à partir de là annoncer sans exagérer que son modèle en avait été détenteur. Les trois records furent battus un peu plus tard, mais qu'importe, c'était enregistré et le DAD pouvait porter fièrement son nom.
C'est un modèle qui a été reproduit à de nombreux exemplaires, son succès étant assuré par une construction simple, une allure plaisante, un réglage facile et d'honorables qualités de vol.
Il existe à ma connaissance au moins trois plans différents du DAD et quatre versions. Première version, le modèle d'origine ayant servi à la journée des records apparaît sur les photos.





Je ne connais pas de plan de cette version. Le plan le plus proche semble être celui paru en 1942 dans le livre « Mécanique et Modèles en réduction » de Gems Suzor.
Le modèle s'appelle alors J.R.6, certainement des prénoms des frères Jean et Robert Guillemard. (Robert disparaîtra à la fin de la guerre aux commandes d'un P-47). Il est également nommé JRG183 sur ce premier plan. C'est le même modèle que sur les photos, mais avec une dérive redessinée et un nez caréné.





L'aile est d'une seule pièce sans haubans et le profil est un Grant X-8, choisi « pour voler le plus lentement possible ».



Le poids avec un moteur à allumage par bobine de 3 à 5 cm3 est donné pour 950 grammes. Noter que le jour des records, Jean Guillemard utilisait un moteur à auto-allumage Delmo 2,65 cm3.

Une troisième version est celle du plan Guillemard de 1945, celle de mon copain Jean-Claude que nous faisions voler en 1956. Les ailes sont devenues détachables avec haubans et un profil Grant G9 plus cambré et moins épais. Le nombre de longerons est passé de 8 à 6.



Pour le reste, les proportions sont les mêmes. Construction au choix, balsa ou bois dur. Le poids annoncé est de 840 à 900 grammes, gain du à l'emploi recommandé de moteurs à auto-allumage.
Le plan d'une quatrième version est sorti en 1960 avec un nez allongé pour faciliter le centrage avec les moteurs devenus plus légers, puis enfin une version pour la radiocommande. Ce sont ces deux dernières versions que l'on voit couramment lors des rencontres 4A.
Moi, j'aime bien le nez court de la version de 1945, c'est celui-là que Jean-Claude et moi avons reconstruit chacun à notre manière.
Je vous parlerai de nos deux modèles dés que j'aurai retaillé les photos.

[JMP_blackfoot]

Revenons au DAD. Voici la planche 2 du JR6/JRG183:





Et maintenant les deux planches du DAD 1945 - Noter que JRG183 apparait encore sur la dérive -






Et voilà comment deux bons amis interprètent le même modèle:
Jean-Claude:



et Jean-Marie:



Que s'est-il passé?
Jean-Claude a choisi la propulsion électrique et une commande de profondeur par stabilo pendulaire. Il a aussi préféré faire l'aile en une seule pièce, mais a mis les haubans pour respecter l'allure de son DAD de 1956. ou alors est-ce le syndrome "Ceinture et bretelles"?
A cause du nez court et du poids du mécanisme de stabilo pendulaire, il a du reculer l'aile un peu.Entoilé en Solartex, son modèle dépasse allègrement le kilo mais n'empêche qu'il est absolument ravi des qualités de vol.

J'ai choisi de coller au plan autant que possible, avec stabilo et dérive démontables, entoilage à la soie et moteur à auto-allumage. Malgré l'équipement radio, j'ai presque respecté le poids annoncé avec 920 grammes au décollage. En conséquence, avec sa charge alaire de 26 g/dm² et sa grande réticence à prendre de la vitesse, mon DAD n'est pas un modèle tout-temps...
Quand au vol, mmm... un délice. Je vole 80% du temps sur les trois ou quatre premiers crans du manche de gaz, les touch-and-go sont un vrai plaisir avec la grande hélice qui fait aérofrein quand le moteur est au ralenti (3000 t/mn x pas de 10 cm -> freinage au-delà de 5 m/s!)
Après 6 minutes de ce jeu, montée à plein gaz jusqu'à épuisement du carburant (20 cm3 pour total de 8 minutes - j'en suis à 2,5 litres sur le DAD, comptez les heures -) et presque perte de vue, puis un long plané, quelque fois avec pompes et atterrissage au pied.
Le DAD n'est pas du tout un planeur fin, le profil est trop creux. Mais c'est un modèle sans aucun vice.
Détails de construction à suivre...

[JMP_blackfoot]

Bon, alors je sais pas vous, mais moi, c'est toujours par les nervures que je commence (gabarit en ctp 15/10, finition en bloc):




Après ça montage sans le saumon ni l'emplanture:




Maintenant, le saumon:



pour faire joli, je n'ai pas cassé les longerons 3x3, je les ai juste courbés.
Et ça se corse un peu:
1) le dessin de la dernière nervure sur le plan ne colle pas du tout. La mienne est finalement comme ça:




2) au démoulage, l'aile prend une belle cambrure. Ce sont les longerons courbés au saumon qui me jouent un tour. Je plaque le longeron principal sur un bout de sapin 2"x4" avec trois serre-joints et je colle les diagonales (ça n'est pas sur le plan, mais ça vaut vraiment le coup de les ajouter). Résultat: une aile légère, bien droite et d'une rigidité surprenante vu les faibles sections de balsa employées.
Reste à coller la nervure d'emplanture, son doublage en ctp 30/10 et le bloc du bord d'attaque.



Voilà, il ne manque plus que les tétons de positionnement et la fixation du hauban.

Le stabilo est sans souci particulier:




(Le volet de profondeur paraît petit, mais il est largement suffisant, même pour faire des loopings )



Sauf que sur la deuxième photo, remarquer le tourillon de hêtre percé axialement au diamètre de la cap de jonction des volets de profondeur. J'adore percer axialement à 1,5 mm les tourillons de hêtre de 3mm. Même pas dur, si on prépare un guide en deux ou trois tubes de laiton emboités l'un sur l'autre et collés ensemble à la cyano:



Le tourillon percé est inséré dans les blocs de balsa à l'emplanture des volets de profondeur pour renforcer le collage à l'araldite de la cap de liaison, qui ainsi ne prendra jamais de jeu, non mais!
J'itilise la baguette ronde de hêtre surtout pour faire les tringleries de commande avec un petit bout de cap collé dans l'axe à chaque extrémité, comme ça :





A suivre...

[ChristianR]

Bonjour

Bon sang ,il est pratiquement terminé

Ca devrait voler sans tarder

[JMP_blackfoot]

Pour son DAD électrique, le copain Jean-Claude a opté pour un nez coffré monocoque démontable, fixé par vis sur le couple ctp de l'avant de la cabine:



Pour le mien, bati moteur classique, garnis de blocs balsa dessous:







J'ai fait le pare-brise démontable pour accéder au servo de gaz qui est juste devant le grand couple ctp. Si jamais je le convertis un jour à l'électrique, c'est là qu'ira la batterie de propulsion. Un trappe sous la cabine permet l'accès à la radio. Le moteur est monté sur une platine alu vissée sur le bâti. Ca permet d'essayer divers moteurs. Voici les trois qui iront successivement sur ce modèle:



De droite à gauche: Le Taifun Zyklon actuellement en place, un 2 cm3 "Deezil" (repro chinoise de bonne qualité), et le Micron 2,5 qui originellement appartenait à Michel Vicré, comme le plan dont j'ai pu prendre copie, d'ailleurs.

Le recouvrement de mon modèle est de la soie avec 8 couches d'enduit nitro dilué à 50%.

Tout ce que je trouve en papier polyester de couleur est le Litespan de chez Solarfilm, mais il est cher ($7.39 pour une feuille de 36"x20") chez Hobby Lobby par exemple:
http://www.hobby-lobby.com/covering_materials_158_ctg.htm

Pour ma part, j'ai déjà utilisé un film de pelliculage adhésif et rétractable à chaud qui est très bon marché et particulièrement facile à poser.
D'abord tel quel comme sur ces deux modèles:






Le premier est peint à la bombe de supermarché, le "Zinzin" est décoré au marqueur indélébile. Certains peignent le coté adhésif à la bombe avant de le poser. Il parait que ça ne gène pas la pose, et avec la peinture à l'intérieur, pas de problème de résistance au carburant. Je n'ai pas encore essayé. Ce revêtement reste légèrement souple mais ne montre aucun signe de se détendre après plusieurs saisons.
Sur un modèle en construction, j'expérimente ce film avec du japon posé à l'enduit nitro par dessus. Les premiers essais sont très encourageants. C'est facile à faire et la combinaison est comme une peau de tambour.

Le film que j'utilise (restes de bobines de la salle de démo chez mon dernier employeur...) vient de chez SORETRAC à Mitry-Mory
http://www.soretrac.fr/index_films_fr.html
Il s'agit dans la rubrique "Arts Graphiques", "Films de pelliculage", de film DRY Mat en 26µ. L'aspect est en réalité plus satiné que mat. Je n'ai pas cherché à savoir s'il existe en d'autres épaisseurs. Il pèse 25 g/m² et j'avais calculé il y a trois ans un prix au 100 m² (cent mètres carrés!) d'environ 15 €. (Le brillant est moins cher, aux environs de 10 € / 100 m²).
Je crois par contre qu'il faut l'acheter par rouleaux de plusieurs centaines de mètres (largeur environ 50~60 cm - je ne l'ai pas sous le nez), donc probablement se grouper.
Il doit aussi être possible de voir chez un imprimeur s'il n'aurait pas des restes pour essayer...?
voir à contacter Mr. Liogier de ma part chez:
LYON GRAPHIQUE
30, rue de la Feyssine
69100 VILLEURBANNE
Téléphone : 04 78 94 95 01.
Il ya ça aussi qui paraît bon:
http://www.ultralen.com/fr/produits/ultralen-tk2

[Christian]

Continuez à nous montrer vos réalisations,j'adore le look de ces modèles
Belle leçon de construction,j'espère que nous aurons la chance un jour de voir ça de près

Il faudra un jour que j'essaye de construire un de ces modèles rétros pour l'électrifier,y aurait il un modèle qui se prêterait pour faire un remorqueur rétro

Exciste il une rencontre en France de modèles anciens de ce type

Christian

[JMP_blackfoot]

[JMP_blackfoot]

Pour régler cette question de la disponibilité des moteurs anciens, j'avais proposé, ce qui fut adopté par 4A, que les hélices aient un diamètre minimum en fonction de la cylindrée, correspondant à ce qui était utilisé à l'époque. En effet, la courbe de puissance a une pente a peu près la même pour les moteurs d'une même cylindrée jusqu'à environ 8-9000 t/mn. Donc, avec une hélice de diamètre assez grand, tous les moteurs deviennent à peu près égaux et on n'oblige pas le modelliste à avoir un moteur ancien ou risquer un moteur de collection, seulement à utiliser son moteur à un nombre de tours par minute comme le moteur ancien. Par exemple, un 2,5 doit emmener un hélice de 25 cm mini, etc...(voir détail dans les règlements 4A, qui je crois sont applicables par la FFAM).

[JMP_blackfoot]

Voici le résultat de l'entoilage au film d'imprimeur (voir plus haut)+japon sur un motomodèle monogouverne "Halftone" de 1961, dessiné par le célèbre Dave Platt, avant qu'il émigre aux US. Je termine juste ce modèle, reste à installer la radio monogouverne, d'abord avec un servo pour dégrossir le réglage, ensuite la version définitive avec un échappement à élastique comme l'original. Le film est posé et tendu au fer sur toutes les surfaces ouvertes, puis le japon est collé humide à l'enduit nitro dilué à 50%. Après trois couches d'enduit dilué, les décos en papier de soie sont également collées à l'enduit dilué. Le tout est protégé contre le carburant à 25% de nitro du Cox Baby Bee 0,8 cm3 par une couche de vernis polyuréthane. Je suis très content du résultat:





Bon, maintenant la suite du DAD.

Le plan de Jean Guillemard est prévu pour le vol libre, avec les spécifications suivantes:


Il y a un petit problème pour la conversion RC: avec 4°, il y a trop de différence d'incidence entre le stab et l'aile. Comme je prévois un stab classique et mon copain Jean-Claude un stab pendulaire, j'ai "courageusement" attendu ses premiers essais en vol pour connaître le calage de stab qui va bien. Réponse: 2° c'est bien. J'ai donc ajouté 2° au calage du stab et construit une petite plate-forme en ctp 0,8 mm, comme ça:


Pour le centrage, Jean-Claude a suivi les indications du plan et a centré à 86 mm du B.A. (33%). J'ai choisi de faire confiance à la méthode de calcul de René Jossien et centré le mien à 98 mm du B.A. (39%), et je ne m'en plains pas.
Malgré la réduction du décalage et le recul du centrage, j'ai du programmer un couplage entre la commande de gaz et la profondeur pour garder un angle de montée raisonnable (environ 3 mm de piqueur à plein gaz au B.F. du volet de profondeur). Une fois le moteur calé, je me sers de la commande de gaz comme un trim de profondeur bien pratique dans les pompes! Pas possible en électrique .
Voilà pour le moment, le temps est magnifique et je vais de ce pas faire voler le DAD, que Jean-Claude a décrit comme "Un bon pote-en-ciel".
Je reviendrai un peu plus tard décrire mes attaches de haubans, dont je suis assez fier.

[Christian]

Le nyou en électrique serait pas mal pour remorquer le CB 28 et le Tauveron de mon pote Christian

Christian

[JMP_blackfoot]

[ChristianR]

[JMP_blackfoot]

J'ai mesuré les débattements des gouvernes sur mon DAD, au bord de fuite de volets:
Direction: +/- 22 mm (corde volet = 34 mm -> +/- 40°)
Profondeur: +/- 9 mm (corde volet = 27 mm -> +/- 20°)
En plus, couplage gaz ->Profondeur:
- volet au neutre gaz au ralenti, 2,5 mm vers le bas à plein gaz (- 5°).

Depuis toujours, je regardais d'un oeil torve les fixations de hauban du DAD avec ses tubes alu aplatis. Pourtant, c'est le grand classique du genre à l'époque, utilisé par Varache, etc...
Après réflexion, je suis arrivé à la solution suivante qui est à mon avis plus simple et plus facile à mettre en oeuvre (que Jean Guillemard me pardonne!):
Les haubans sont en c.à.p. 12/10 raidis par baguette de spruce 3x3 et 6x3
Une gorge est faite dans le 3x3 à la Dremel à l'aide d'un disque de coupe, la Dremel maintenue sur le chantier à la bonne hauteur et la baguette étant guidée entre deux morceaux de 3x3. La c.à.p. est collée à l'epoxy et le 6x3 par derrière, le tout profilé et vernis à l'enduit.
Les extrémités de la c.à.p sont pliées à angle droit, laissant 6 mm, comme ceci:


Celui du haut montre l'attache d'aile droite, celui du bas l'attache de fuselage gauche.

Dans le fuselage et l'aile sont disposés des petits sandwiches de ctp, laissant juste l'épaisseur de la c.à.p., comme ceci (horizontal comme ici dans le fuselage, vertical dans l'aile):


Pour la c.à.p. 12/10, le sandwich est constitué de deux flancs de 8/10 avec au milieu 8/10 + 4/10 + papier copieur = 13/10, pour le petit jeu qui va bien.
Un petit morceau de c.à.p. forme le point d'ancrage. Dans le fuselage, je les ai laissés séparés, mais on peut imaginer que le même c.à.p. pliée en "U" serve aux deux cotés à la fois, transmettant l'effort et soulageant la structure:


On voit les sandwiches et les c.à.p. d'ancrage en bas à gauche et à droite.

L'assemblage du hauban se fait selon la séquence suivante, très intuitive et facile à effectuer sur le terrain:


Le hauban en place, simple, efficace et discret:

[JMP_blackfoot]

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Non, non, non le DAD n'est pas mort...
Hier matin, pour le deux cent et quelquième vol du DAD, j'étais sur le terrain dés 8h du matin, avant la chaleur.
Monter les ailes, faire le plein (20 cm3!) du mélange pétrole+huile de ricin+éther, ajouter 1/4 de tour de compression au Taifun Zyklon, allumer la radio, ouvrir les gaz, boucher la pipe d'admission avec le doigt, tourner l'hélice jusqu'à ce que la durite soit pleine et sans bulles, faire encore trois tours pour aspirer le carburant, enlever le doigt, mettre les gaz presqu'au ralenti.
Lancer l'hélice, une seule fois - le moteur démarre du premier coup. Laisser chauffer 30 secondes, desserrer la compression de 1/4 de tour, mettre les gaz, lancer le DAD.
C'est parti pour 8 minutes de moteur plus le plané, et c'est le pied
Et puis, qu'on ne me parle plus des difficultés de démarrage des moteurs à auto-allumage...